Portrait
Voilette noire, cachant de yeux brillants de larmes retenues. Une longue aiguille terminée par une grosse perle noire, elle aussi, transperce par l'arrière le chapeau bien fixé sur la tête que l'on tient bien droite. Seules les épaules s'arrondissent un peu sous le poids du chagrin. Les mains enfoncées dans les poches profondes d'une immense robe sombre sont animées d'un mouvement perpétuel. Les doigts sans doute égrènent les perles d'un chapelet et les lèvres minces sont elles aussi en pleine récitation.
Elle va, elle vient, désorientée, tournant en rond dans cet espace clos et limité.
Combien de fois déjà les gendarmes l'ont-ils ramenée à la maison ?
Le baluchon sur son bras elle partait, chez elle, dans la maison de son enfance.
Ici, chez son fils, ce n'est pas sa maison. Seulement une prison.
Agnès