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rue pêcherie
2 novembre 2010

Il écrit. A mesure il voit l'encre dessiner sur

Il écrit. A mesure il voit l'encre dessiner sur le papier de fascinantes formes comparables aux vols des oiseaux, aux corps des insectes, aux mouvements des vagues, des flammes, aux crêtes des montagnes, à la course des nuages, aux virevoltes des feuilles mortes, à l'éclosion des fleurs, comparables au dessin furtif d'un sourire, à la fuite d'un renard, à l'anguille, à la jonchée des brindilles sous la pinède, au son de la cloche, à la caresse du vent, au surgissement des poissons volants. Quand il écrit, il est en admiration et contemplation. Il voit l'encre qui dessine et tout lui revient, tout lui est donné. Il suffit qu'il laisse sa main glisser tenant le fourreau de la plume pour qu'elle conduise les formes de l'encre. Formes de son désir. Comme dans les contes de fées lorsqu'on ouvre la bouche, qu'il en sort une petite poule d'eau multicolore, des mouettes blanches, des colliers de perles, des filets de pêcheur remplis de poissons qui retournent en plongeant à la mer et l'éblouissement de lumière, la côte au loin, plantée de grands arbres au panache étoilé. Quand il ouvre la bouche il fait lever le soleil ou la lune ou les étoiles et cascader les ruisseaux. Voilà l'écriture qui rêve du conteur, il est ainsi, lui qui n'aime que voir son stylo courir sur la feuille blanche et y laisser cette trace d'encre noire. Enchantée. Il s'enchante en l'écrivant, il n'aime rien moins il n'aime rien plus que dessiner ces traces-là, porteuses de paroles et d'images en mouvement. Il sent que la vie est cela : transformer. Celle qui transforme. Il jouit de cette antenne qu'il a dans la main, qui surgit de sa main et dessine à sa pensée des oiseaux des arbres et des montagnes, des animaux courant sautant se glissant dans tous les mouvements de danse que la nature peut concevoir. La culture de sa main qui écrit possède le monde insaisissable des fourmis comme des vents. Sa langue écrite est langue de sable, écrit de buse dans le soir, course de rats et surtout : douceur de femme de baiser de pomme, sa langue écrite est tout ce qu'elle veut, tout ce qu'il peut désirer admirer et puis soudain elle apparaît comme après l'amour des poils mouillés des vêtements épars, des draps tachés barbouillés, des chairs odorantes. Il lève sa plume, le doigt qui la porte touche sa lèvre, il respire son odeur d'encre.

Jim

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