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rue pêcherie
30 novembre 2010

Personne dehors. Il fait trop froid. Dans mon

Personne dehors. Il fait trop froid. Dans mon dos, la place, bruit de voitures pressées. A l'intérieur, trois fenêtres montrent l'été.
Trois fenêtres côte à côte sur le mur orangé. Dans la première un voile très léger protège de l'intense verdeur des arbres du jardin, du gris mauve incandescent de la colline, leur donne une rondeur douce, comme d'un paradis à jamais disponible, sous la fenêtre, sans qu'il soit besoin d'y descendre. Les arbres du verger, juste en contrebas, sont gorgés d'ombre et coiffés de lumière. La fenêtre est plissée de grandes tombées diaphanes à peine bleutées comme le ciel et la montagne, ou blanches comme le fil d'une cascade. Fenêtre du souvenir gardé, comme gardaient les enfants ou les femmes des médailles saintes, naïfs et permanents bienfaits, comme sont les icônes.
A son côté, dans la fenêtre du milieu, de la même taille rectangulaire que les deux autres – hautes deux fois comme larges à peu près – telles qu'on peut les embrasser toutes trois d'un seul regard, au centre du grand mur orange, un autre été, d'un vert flou et rose, se devine derrière un faisceau de toile légère ocre clair, ses très larges plis lancéolés se partageant en ombres et transparences – un été bruissant de mots flûtés entendus dans les rêves au plus doux moment du réveil, les matins déjà clairs et chauds – libellules bleues, doigts écartés des roseaux, des maïs, des longues herbes sèches. Je me rendors trop longtemps, avant la troisième fenêtre.
Elles ont été emportées toutes trois. Un autre mur les attend.

Jim

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