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rue pêcherie
7 juin 2012

Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de mes soeurs

J'ai trouvé le titre après coup. C'est là que j'ai compris que c'était un cadeau. Ça commençait par  : une poire, un gâteau, j'en ai rêvé, c'est bon, vous n'allez pas me priver – bizarrement  quand j'écris je ne sais pas où ça me mène, mais je laisse aller. Priver, rien que ce mot me suffirait pour toute une saison : privation, privatisation... je sucerais la racine de cette petite chose, née avec l'école – tout petit lorsqu'on me l'a laissé entrevoir : ma soeur allait à l'école privée, et j'irais aussi, dans la classe enfantine avant d'aller à la grande école, l'école des garçons. L'école privée – privée, à part, pas pareilles les filles, pas regarder, puni, privé. On ne peut pas regarder autre chose, que les filles qui se cachent, qui cachent leur secret, qui font semblant qu'elles ont plein de choses intéressantes qui vous regardent pas. Ah, je suis tout de suite tombé dans un beau monde, avec ma soeur qui était déjà là, à faire sa belle. Je sais bien pourquoi je les aime, les filles, maintenant, et les femmes.
J'ai toujours été privé – de ce qu'elles veulent pas vous montrer, tout en faisant leur belle. Elles sont belles, d'ailleurs. Voilà. Qu'est ce qu'il y avait d'autre au monde pour vous attirer ? 
J'en ai capturé, des filles, j'en ai vu, entraperçu, touché, goûté même de leur secret. Elles repartent toujours, plus loin, en courant pour vous échapper, pour rire, pour vous embêter. Elles vont se cacher, elles vont faire d'autres secrets. Moi je veux leur en faire des secrets, tout au coeur de leur secret leur mettre moi-même un secret.  Ah elles sont bien attrapées après. Mais quand elles deviennent des mamans elles savent très bien s'y prendre. Oh, pas toujours ! Parfois elles ont été privées elles aussi, trop privées, à force de leur faire jouer le jeu de la privation, on les a rendues stériles, ou sèches, ou méchantes. Tout le monde joue à se priver – même à se priver de vie, se priver de sang, se priver de tête, se saigner comme j'aimerais pas le faire à une fleur même. A croire que c'est si important ce secret que l'on veut avoir, asseoir sur ses genoux, couver de son corps.
C'est la femme, c'est la femme, c'est la féminité qui nous obsède depuis toujours. Pauvre femme pourquoi vous ne nous aimez pas ? Vous nous aimez allez-vous répondre, alors pourquoi ma mère a dit à sa fille ne montre pas à ton frère, ne dis pas à ton frère, et même à demi-mot, même sans parler pourquoi se disent-elles privées – privées, séparées de nous – et nous qui devons nous armer pour les conquérir, et puis les garder en privé, les priver, privatisation, prison, quadrillage du monde, gardiennage. litho1983 Moi je n'en veux pas de leurs histoires, je tape du pied, je suis ce garçon qui vient au monde après sa soeur, et j'écris n'importe comment, n'importe où sur le mur parce que j'ai envie de devenir grand.
Aujourd'hui c'est l'anniversaire de mes soeurs, je vais leur faire ce cadeau, écrit.

Jim 

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