Evocations d'hiver

La remorque a été vidée en vrac sur le gravier de la cour – protégé par un lourd plastique. Les bûches de bois sont emmêlées, entrecroisées les unes dans les autres. La hauteur de cet amas est impressionnante. Cinq stères ! C'est trop, c'est beaucoup trop.
Une bûche après l'autre, reconstruire ce tas bien à l'abri de l'auvent. Dégager la cour pour y remettre les voitures avant la tombée de la nuit – et la nuit tombe vite en cette mi-décembre.
Papiers froissés, petit-bois, sarments de vigne, allumette qui craque et voilà une belle flambée qui pétille dans la cheminée. Douce chaleur, odeur persistante de la forêt, couleurs de feu, de fête, les hautes flammes dessinent des histoires ahurissantes sur la vitre chaude. Un petit bonhomme sans bras ni jambes, feu follet ardent, folâtre, chante puis disparaît. Magie du feu.
Grande fournaise de l'été où crissent le cigales et vrombissent les abeilles. Le soleil tape dur sur les épaules harnachées du "bourras" blanc. Les cueilleurs de lavande avancent, chacun sa raie, chacun son rythme, ligne bleue, ligne verte. Les faucilles brillent, tranchent d'un coup sec et adroit les poignées de fleurs odorantes. Elles s'amoncellent dans le "bourras" qui tire sur le dos.

Agnès