L'atelier d'écriture

Anne, ma sœur Anne,

Ça se passe comme ça :
Ayè c'est le soir et  on est tous là, bien tranquilles dans notre tour d'ivoire. Les murs de Berlin peuvent bien s'écrouler, le mal au dos peut bien me laminer, les vaccins contre la grippe peuvent bien être obligatoires, on va sans doute accueillir tout ça sur nos feuilles. Enfin, peut être, on verra. On verra bien.
Le chef d'orchestre donne le la et nous faisons nos gammes, tous ensemble, chacun. Un peu d'exercice. Il en reste toujours quelque chose. De la fièvre, un soulagement, de la joie...
Ici, vois-tu, c'est un club très fermé, très privé. Privé de rien. On n'est pas malheureux, on nous fournit tout : hier, demain, toujours, peut-être, le monde, le monde entier, tous les autres mondes, avec toi, malgré les autres, sans personne, comme je veux, si ça veut...
Et puis, tu sais, on fait pas des manières, on se raconte pas des histoires, c'est comme au bordel, on vient, on se soulage. Ici, l'écriture est une éjaculation.

Quand on est soulagé, on s'en retourne, le cœur content. Jusqu'à la prochaine fois.
Et on vit sa vie, quoi.

Catherine